vendredi 16 août 2013

1475.Ep5. Europe du Nord des côtes de l'Irlande à la Flandres bourguignonne.

En Ulster, au printemps 1475, l’arrivée de Jasper Tudor et de sa flotte chargée de blés français et bretons permit de rallier la population affamée au nouveau pouvoir tandis qu’Henry Tudor lançait ses troupes à l’assaut des dernières terres rebelles de l’Ulster. Sa cavalerie mena une campagne mobile et agressive. Renseignés par un membre du clan O’Neill résidant à Londonderry, les chevaliers lancastres capturèrent Henry O’Neill, monarque de Tyrone, le 14 juin. Quatre jours plus tard, à Armagh où les Tudors avaient installé leur quartier général, Henry décapita lui-même son homonyme du Tyrone tandis que sa garde se chargeait d’exterminer la branche régnante des O’Neill. Hommes, femmes et enfants furent décimés. Henry Tudor acquit ainsi une nouvelle couronne et une nouvelle province pour sa seigneurie d’Irlande. Début juillet, il se rendit à Limerick et décida avec le roi du Desmond de commencer une campagne contre le monarque du Connaught, Eoghan O’Connor. Ce chef du clan ne se rendit pas facilement. Pour obtenir sa soumission, il fallut non seulement deux mois de campagne sanglante mais aussi que les mercenaires bretons au service des Tudors écrasent les Gallowglass de sa garde lors de la bataille de Galway du 21 juillet. Dés août, l’indépendance du Connaught était une cause perdue et les ralliements se firent de plus en plus nombreux au cours de l’été. Ecrasé par la puissance militaire du Lord of Ireland, Eoghan O’Connor dut négocier. Henry exigea qu’il lui fasse hommage et qu’il lui abandonne son titre de roi pour celui d’Earl of Connaught, et qu’il lui cède définitivement Galway, principal centre de commerce dans la province. En novembre, il convoqua le parlement d’Irlande pour la nouvelle année et il envoya un nouveau message au légat du Pape en France pour l’inviter sur le sol irlandais. Il attendait toujours l’accord de sa sainteté pour le port du titre de Seigneur d’Irlande.

En Angleterre, les rapports concernant les corsaires irlandais se multipliaient sur le bureau du chancelier et inquiétaient de plus en plus le frère du roi, Richard duc de Gloucester. Les littoraux de ses territoires du nord étaient vulnérables à ces attaques qui s’ajoutaient aux raids des Ecossais. Ces derniers se mirent aussi à pratiquer la course en mer d’Irlande puis en Mer du Nord. Ils trouvèrent une cible de choix dans les navires anglais assurant le commerce avec les Flandres et la Baltique. Peu à peu, les commerçants et armateurs anglais perdaient leurs navires d’autant plus que les prises étaient souvent réarmées en corsaires dans les ports écossais et irlandais. Si Jasper Tudor ne réalisa aucun raid d’envergure sur le territoire anglais, il tenta de maintenir un blocus dans le Bristol’s Channel ainsi que sur le littoral du Yorkeshire. Dans le pays de Galles, les opposants d'Edouard IV se multipliaient grâce aux subsides généreusement distribués par Japser et la révolte couvait. L’affaiblissement de la flotte rendit compliquée la défense des échanges avec le continent et Edouard IV concentra ses navires sur les routes commerciales les plus rentables : celles avec la Baltique et avec les Flandres. Malheureusement, cela laissait la Manche et la mer d’Irlande à la merci des Lancastres et des corsaires écossais. A partir de l’été, les marchands des comtés de l’ouest organisèrent des convois armés pour assurer la sécurité de leurs exportations. Leurs bénéfices diminuèrent d’autant et la grogne s’installa dans les ports anglais de l’ouest. A St Malo, au contraire, même si les bénéfices de la course diminuaient, les entreprenants armateurs se firent constructeurs navals pour remplacer leurs anciens navires par des carvels. Les vieilles coques furent judicieusement vendues en Irlande et en Ecosse, renforçant leurs capacités navales.

En mer du nord, la moitié de la Grande Escadre de Bretagne se rendit à Copenhague et escorta les navires de la Hanse vers les Flandres. Puis, elle mena campagne contre la piraterie endémique en Manche. Privilégiant l’alliance avec l’Irlande, l’escadron breton repoussa les attaques des pirates anglais, brûla quelques uns de leurs navires mais ne mit pas fin au problème d’autant plus que certains normands reprirent cette pratique. En effet, les armateurs et marchands de Normandie mécontents du traité des estuaires financèrent quelques navires pour miner la domination bretonne sur le commerce est-ouest de la Manche. Mais la Grande Escadre avait ordre de libérer les côtes françaises et bretonnes de toute entrave au commerce maritime si bien que quelques navires d’origine douteuse brûlèrent dans la baie de somme et quelques marins parlant français furent envoyés à Groix, promue île pénitentiaire. Louis XI reçut maintes lettres de protestation de Rouen et de Harfleur. Mais bien trop occupé par les affaires de Bourgogne et désirant conserver l’alliance bretonne, il ne donna pas suite à cette affaire. 
Harfleur, port royal au Moyen-âge. source : patrimoine-normand.com