dimanche 5 mai 2013

LE POINT DE DIVERGENCE


1463

Le 29 juin 1463 nait en la ville de Clisson Jean fils de François II duc de Bretagne et de Marguerite de Bretagne. Cette naissance est attendue dans le duché qui célèbre la descendance de son bon duc. Celui-ci a mené une politique bien reçue par les bretons : en 1460, il fonde une université en la ville de Nantes où il entame aussi la rénovation du château. En 1462, il réforme la justice, le métier d’avocat, augmente les peines pour les faux-monnayeurs et les faux témoins. Cette politique intérieure est la continuation de celle de ses prédécesseurs. Le duc veut renforcer l’autorité ducale sur ses territoires et diminuer l’importance des grandes familles bretonnes comme les Rohan, les Penthièvre et les Rieux. Ces familles possèdent des domaines considérables qui se trouvent dans le duché et dans le royaume de France. Leur capacité à faire appel au roi de France et à ses institutions judiciaires est un frein puissant contre cette politique. La politique intérieure du duché est ainsi fortement liée à ses relations avec le royaume de France.

Le duc François II mène dés l’arrivée au pouvoir de Louis XI une politique de rupture qui cherche non seulement à protéger l’autonomie bretonne mais surtout à créer une entité totalement indépendante du royaume de France. Il se veut « roi en son duché » et déclare comme ses prédécesseurs avoir reçu son pouvoir de la grâce de dieu comme le roi de France. Ainsi, il n’est pas apparu au sacre de Louis à Reims en 1461 et n’a pas prêté l’hommage simple que les ducs de Bretagne doivent au roi de France depuis le XIVe siècle. Il n’a pas non plus prêté l’hommage-lige qu’il doit pour ses titres français de Montfort et d’Etampes. Si ses prédécesseurs ont réussi à maintenir la Bretagne quasi-indépendante, le duc François II se trouve face à un adversaire de poids : Louis XI qui veut centraliser les pouvoirs féodaux et abaisser les grands du royaume. Sa puissance se heurte au poids des grands féodaux qu’ils soient bretons, angevins, bourguignons ou gascons. Ainsi, dés 1462, louis XI a essayé de nommer un abbé à Redon mais il a échoué. Cette année-là, la nomination de l’évêque de Nantes Amaury d’Acigné est révélatrice de cette volonté d’ingérence. Les accords entre Rome et le duché impliquent que les évêques fassent hommage au duc pour leurs possessions temporelles. Amaury refuse, est chassé du duché et reçoit le soutien du roi de France qui réclame la garde des évêchés bretons et remet en cause l’existence de la couronne ducale. Le pape laisse trainer l’affaire car il veut protéger l’Eglise bretonne des aspirations gallicanes que Louis XI a réactivées dés son arrivée au pouvoir.

Or la naissance d’un héritier change la position géopolitique du duché. Le principe de succession compliquée de la Bretagne donnait des droits aux Rohan et aux Penthièvres. Cette naissance affaiblit leur importance politique dans le duché d’autant plus que François II convoque les Etats de Bretagne en septembre et fait légitimer sa succession par ceux-ci et par la cour du parlement de Bretagne. Ainsi, lors de la St Michel, le jeune Jean dit de Montfort-L’amaury est reconnu comme héritier par la noblesse, le clergé et les représentants des villes de Bretagne. De même, dans son arrêt, la cour du parlement de Bretagne stipule que le futur Jean VI de Bretagne est reconnu héritier du duc de par la grâce de dieu.

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